Accueil Culture Mes Humeurs: L’esprit ou le ventre ? Les deux, mon commandant

Mes Humeurs: L’esprit ou le ventre ? Les deux, mon commandant

Ce soir, ou demain, les guetteurs sortiront pour l’observation du croissant de lune, le Mufti, qui en recueillera la naissance, annoncera le début de Ramadan, mois du recueillement, du partage et de l’entraide ; les fidèles se plieront au rite du jeûne : une obligation religieuse pour les musulmans, qui se doivent d’observer ce rite imposé depuis 14 siècles, croyants soient-ils ou pas. Mais…oui il y a un mais qui s’impose, ce précepte s’est transformé depuis des siècles en une fête et des excès pour les ventres.

Commençons par le sommet, en préambule et en force, les hautes autorités du ministère du Commerce, qui avaient élaboré un plan d’action rigoureux pour approvisionner le marché, contrôler les prix et particulièrement pour préserver le pouvoir d’achat du citoyen, ont tenu, comme chaque année, une rencontre de presse rituelle (le 7 mars), pendant laquelle,ils ont annoncé les dispositions prévues pendant ce mois : «extraits»… les produits seront disponibles en quantités suffisantes, le marché devrait être approvisionné régulièrement… Et, comme une cerise sur le gâteau… Retenez votre souffle et le chiffre qui suit, parmi les annonces, on nous apprend que cette année le prix des bananes (produit de base?), importés d’Egypte est fixé à 5D. Chic ! Les mauvais commerçants vont être punis, la bourse moins dégarnie et la table plus remplie. Dieu qu’elles sont appétissantes et démaquillées ces annonces.

A cette allure, les contrôleurs du ministère, comme leurs pairs dans les autres services publics, peuvent se reposer pendant ce mois. A propos des contrôleurs, il fut un temps, avant la «sainte» révolution, j’ai eu l’occasion d’accompagner des inspecteurs du ministère du Commerce, les cas de fraudes de toute nature (prix, absence de factures d’achat, etc.) que j’ai constatés et les palabres, les ruses, les subterfuges, les finasseries, les manèges, les disputes et les bagarres qui s’ensuivaient et auxquelles j’ai assisté feraient l’objet d’un volume digne des aventures amusantes et critiques de «Bouvard et Pécuchet» (Gustave Flaubert). 

Et les cafés et les restaurants, ouverts, fermés ? Cela aussi fait partie des interrogations «ramadanesques», fondamentales pour les uns (ceux qui n’observent pas le jeûne), vitales pour les autres, ceux qui ont des soucis de santé (les citoyens diabétiques, les gens âgés qui endurent des problèmes de prostate, etc). 

L’espace me manque cruellement ici pour évoquer les moult incohérences et les inconséquences dues aux mauvaises pratiques sociales, culturelles… mais je ne peux me retenir d’épingler et dénoncer (pour la énième fois) la publicité pendant ce mois. Radios, télés, sites d’informations publics et privés, panneaux d’affichage, etc. ont un seul sujet à exposer: tout ce qui tourne autour du ventre. C’est leur droit, ils payent; mais là où ça donne de l’indigestion et provoque l’indignation, c’est le manque de vigilance, de sérieux des autorités compétentes aux effets négatifs des annonces qui vantent l’alimentation : gras, sucré, salé, etc. Je suis offensé, indigné du manque d’intérêt, de l’absence criminelle des autorités sanitaires, de l’éducation et des instances de l’information, de l’Organisation de défense du consommateur, de la société civile sur le sujet.

De grâce, prions pour un insert, un écriteau de prévention, une icône contre l’abus des poisons (graisse, sucre et sel) et pour la pratique d’exercices physiques.

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